Alors donc un jour, j'étais au bureau (c'était ainsi qu'on appelait ce lieu où les employés se réunissaient tous ensemble pour travailler), il se faisait genre midi, et du coup, je faisais mine de sortir du bâtiment pour me trouver un restau. Et là, je vois que les gardes de la sécurité faisaient barrage, et nous intimaient l'ordre de rester confinés - déjà - dans le building. Dehors, des gens, peut-être vingt ou trente, agitaient des panneaux et beuglaient dans un mégaphone. Encore un peu plus loin, une troupe de CRS en tenue de combat s'amassait gentiment.
Il advint qu'il s'agissait de salariés d'une supérette halal de banlieue, qui protestaient contre le fait qu'une banque (qui se trouvait avoir des locaux dans la tour) ne leur avait pas fait le prêt qu'ils attendaient, ou quelque chose de ce genre. Les employés, c'étaient 1/3 barbus, 2/3 voilées. Et puis derrière, il y avait quelques "white, blancos", comme dirait Manuel Valls, avec des bonnes têtes de profs d'histoire, qui tenaient la grande banderole de FO. Visiblement, des gens qui n'avaient rien à voir avec l'affaire, qui n'avaient sans doute jamais mis les pieds dans cette boutique, ni dans la ville, et qui avaient juste senti une bonne odeur de merde à tartiner.
Je repense au visage niais de cette brave petite dame qui venait, tout gentiment, entre son bénévolat au secours populaire et son cours d'aquaponey, tenir les babouches de l'autre face de jihad, qui selon toute vraisemblance ne rêvait que de l'égorger.
