Salut, ô, voyageur, qui vis pour la musique
Et jusque dans le train sacrifie à Euterpe,
Ce qui du reste explique ta station sporadique
Telle le ressac agitant un banc de caulerpe.
Car tu bouges, tu vogues, marques une cadence vague
Tu vas et viens, t'accroches ensemble à deux poteaux
Crois tu qu'on t'admire de ton abandon ? Quelle blague !
Dans ce wagon, nous tous nous gaussons d'un tel sot.
De ton faciès bovin de jeune con abruti,
De tes yeux étrécis à l'encoignure sale,
De ta dégaine puant l'alcool et l'ecstasy,
Même de ton jeans baggy, ô, crétin radical.
Et de ton caban gris, j'ai de meilleurs torchons,
Du bonnet de laine qui te tient lieu de galure,
De ton gros casque Sennheiser poussé à fond ;
A quoi est-il branché ? A un i-phone, bien sûr.
On se rit aussi de ce petit sac plastique
Où tu glisses le laptop de papa, anarchiste,
Et du classeur rempli de tes cours de physique,
Rebelle de mes deux boules, cancer con, jeune kyste.
Je te crois capable, petit étron mental,
De l'avoir téléchargée sur un site légal !
Nigaud, iras-tu, pendant ta vie machinale
Te payer quatre fois des Beatles l'intégrale ?
Nous voici arrivés, sur le quai descendons.
suspense ! Le feras-tu ? Non ? SI ! Bien sûr, à l'aise !
Comme un crevard, tu as sauté le portillon !
Tu es un cas, une somme, et une synthèse.