Que l'on me permette de faire ici une digression pour expliquer l'origine de cette vocation : en effet, jadis, à l'emplacement des Grands Boulevards s'élevait l'enceinte de Paris dite "De Charles V". En retrait de ladite enceinte se trouvait une rue faisant office de chemin de ronde, dans laquelle, la nuit, passaient les patrouilles de gardes (vous avez fait des jeux de rôle, vous vous figurez sans peine la scène). Or le garde, la nuit, s'emmerde, et dépense donc son argent comme il peut, d'où les putes.
Ce qui est amusant, c'est de voir que malgré les politiques répressives, la rue Blondel conserve aujourd'hui encore son activité commerciale traditionnelle. S'y activent en effet quelques dames d'un certain âge, voire d'un âge certain.
Et donc ce jour là, il y avait une agitation à l'entrée de la rue, non pas que les flics débarquassent, mais une demi-douzaine de jeunes filles roms (de la tribu pourlamouzik) s'y apostrophaient dans leur langue et s'amusaient beaucoup à se foutre de la gueule des dames sus-citées, lesquelles poursuivaient leur sacerdoce, aussi imperturbables que les bobbies de Buckingham Palace.
Oui, vous avez bien lu, des roms qui se foutent de la gueule des putes !
La chose m'a parue assez paradoxale en ce sens que pour ma part, j'organise la hiérarchie sociale à Paris de la manière suivante :
Les Grands De Ce Monde | Sarko, Pinault, Strauss-Kahn, tous ces gens qui se marient entre eux et dont l'influence s'étend dans le monde mondialisé |
Les grands bourgeois | qui ont du patrimoine et du pouvoir, bien qu'il ne dépassent pas l'hexagone |
Les petits bourgeois | Notaires, médecins, patrons de PME, commerçants aisé |
Les bien payés | Salariés, petits entrepreneurs, here be me |
Les pas bien payés | qui travaillent dans le service, la distribution, les enculés du système |
Les mal payés | Smicards, travailleurs pauvres et précaires, les très enculés du système (ici sont les putes de la rue Blondel) |
Les allocataires | Les petits malins du système, qui ont compris qu'on n'avait pas besoin de se crever le cul à bosser si on connaissait le bon filon |
Le quart-monde | Clodos, cas sociaux, enculeurs de poules |
Les vertébrés | Chiens, chats, vaches, poules et cochons |
Les invertébrés | Vers annelidés, insectes, pigeons, scolopendres |
Les plantes à chlorophylle | Arbres, herbes, fleurs |
Les roms | Dont on a parlé tout à l'heure |
Les champignons | Ainsi que lichens et algues |
Les bactéries |
Oui alors je sais ce que vous allez me dire, vous allez me la jouer Arte Reportage avec interview d'Anja Dutrumitrescu, la porte-parole des roms de Bratislograd, qui a fait des études, qui est réalisatrice/écrivaine/dramaturgescente, qui parle super bien français et qui se lamente de la mauvaise réputation de son peuple, blablabla, et en plus comme par hasard elle est mignonne... Et de faire l'amalgame avec les gitans de chez nous et de rappeler sur un air de violon larmoyant le souvenir de la Shoah (ils ont un stock de photos des camps de concentration, à Arte, ça doit être impressionnant).
Oui, bon, sûrement qu'elle existe, Anja Dutrumitrescu, mais moi les roms que je vois tous les jours dans ma rue, ils ne sont pas artistes plasticiens ni musiciens électroniques. Ceux-là, je les vois surtout mendier à la sortie des gares, voler avec violence sur les Champs-Elysées, renverser les poubelles pour récupérer le contenu, jouer du crin-crin dans le RER aux heures de pointe, et entasser leurs croulottes sous les ponts.
Et voir de surcroît ces parasites se moquer d'honnêtes gens qui font leur métier m'insupporte.