La formation présentée ici est toutefois exceptionnelle, d'une part par sa conformation ternaire, délimitant un espace sacré d'environ deux mètres de côté, au centre duquel trône la fameuse idole connue sous le nom d'"homme rouge de Deir-el-Boubour". Entièrement réalisée en fonte, il s'agit d'une étonnante représentation anthropoïde aux yeux exorbités, dont la bouche est remplacée par une courte trompe. Des traces de polychromie encore bien visibles sur toute la surface nous ont permis de l'apparenter au populaire dieu Sicli, gardien du foyer. Détail émouvant, on a pu identifier des inscriptions votives au pied de l'idole, collées sans doute par quelque fidèle pour implorer le dieu ou en remerciement d'une intercession réussie.
Comme tous les vestiges de la basse-époque française, l'homme rouge témoigne du haut degré de raffinement auquel étaient arrivés les arts et techniques de cette mystérieuse civilisation. On ne peut s'abstraire de la singulière mélancolie qui émane de cette idole, contemplant peut-être déjà la chute d'un peuple dont la haute spiritualité nous restera sans doute à jamais un mystère.